Une « zone humide artificielle » a été aménagée à la sortie de la station d’épuration de Saint-Just. Sa mission : terminer en douceur le nettoyage des eaux traitées avant leur rejet dans la nature.


A la sortie de la station d’épuration qui traite les eaux usées des communes de Saint-Just et Saint-Nazaire de Pézan, une curieuse « zone humide artificielle » a été aménagée sur 1,5 hectare. Une cinquantaine d’espèces de végétaux, dont des nénuphars blancs, des roseaux ou encore des iris des marais y ont été plantés. Leur rôle est de piéger les micropolluants présents dans l’eau qui s’écoule de la station d’épuration vers la rivière la plus proche. La nature va ainsi en une dizaine de jours terminer le cycle de purification des eaux usées. « Ce sont les végétaux et les écosystèmes aquatiques qui vont terminer le travail et nous permettre de rejeter une eau la plus propre possible », explique Éric Blin, spécialiste de l’assainissement à la Lyonnaise des Eaux qui est l’origine de ce projet baptisé « zone libellule » (liberté biologique et de lutte contre les polluants émergents). « Cet aménagement est une sorte d’espace tampon humide ».

Éliminer les micropolluants

Pour enrayer le phénomène de dégradation de la qualité des eaux, les règlementations en la matière se sont fortement renforcées, tant au niveau national qu’au niveau communautaire. Si les stations d’épurations modernes sont de plus en plus efficaces dans l’élimination des macropolluants (comme l’azote ou le carbone), elles ne donnent pas encore pleinement satisfaction en ce qui concerne les micropolluants. Les eaux « propres » rejetées par ces installations contiennent encore trop de résidus de pesticides, de métaux ou encore de médicaments. Ces substances, mêmes à très faible dose, peuvent perturber l’équilibre des écosystèmes. Elles sont également « potentiellement dangereuses pour l’homme », précise Éric Blin.

Grâce à la « zone libellule », Éric Blin espère éliminer « au moins 90 % des micropolluants » qui sont détruits ou absorbés par les racines et les feuilles des plantes. « Il faut maintenant veiller à ce que l’équilibre naturel de cette zone soit préservé et qu’aucune plante ne prennent le dessus sur les autres ». La « zone libellule » fera ainsi l’objet d’un suivi écologique pendant trois ans. Si elle séduit par son concept écologiste et novateur, une telle installation, qui serait largement rentabilisée sur le long terme, nécessite néanmoins un important engagement financier de départ. Il faut en effet compter environ 400.000 euros pour aménager 1,5 hectare.

Philippe Peter

France-Soir, lundi 8 février 2010