Une enquête publique est menée jusqu’au 20 décembre en vue de la construction de ce gratte-ciel de 180 mètres de haut.

Lancée en 2009, l’opération Triangle est entrée depuis quelques jours dans une phase décisive. Une enquête publique sur la révision simplifié du plan local d’urbanisme (PLU) est en effet menée jusqu’au 20 décembre par la mairie de Paris. Elle doit permettre la construction d’un gratte-ciel de 180 mètres de haut le long de l’avenue Ernest Renan, dans l’enceinte même du parc des expositions de la Porte de Versailles (15e arr.). Un chantier de plus de 500 millions d’euros qui ne fait pas l’unanimité dans le quartier.

Afin d’empêcher l’aboutissement de ce projet pharaonique (il s’agirait du plus grand édifice construit dans Paris depuis la tour Montparnasse et ses 210 mètres inaugurés en 1973), un collectif a été créé sous l’impulsion de trois associations locales (ADAHPE, Jeunes parisiens de Paris et Monts 14). Initialement prévue dans la Maison des associations, mais finalement annulée à la dernière minute sur ordre, selon les organisateurs, de « la mairie centrale », une première réunion d’information sur l’enquête publique s’est tenue mercredi dernier dans une salle de la paroisse Saint-Antoine de Padoue, à quelques dizaines de mètres à peine de l’endroit où doit s’élever la tour Triangle d’ici 2017. Pas vraiment la foule des grands jours (une quarantaine de personnes tout au plus), mais une ambiance pour le moins singulière avec un maître de chapelle électrisé par sa croisade anti-bétonnage et une assistance captivée par l’exposé, le tout sous le regard bienveillant du pape Jean-Paul II et d’un Christ en croix.

Bertrand Sauzay, président de l’ADAHPE, s’est employé à torpiller l’un après l’autre les sept points avancés par la mairie de Paris pour démontrer l’intérêt général du projet, seul argument qui pourrait justifier une révision même simplifiée du PLU. Les risques que représente la tour imaginée par le cabinet d’architectes suisses Herzog & De Meuron pour la pérennité du parc des expositions étaient particulièrement visés. Déjà trop petit, celui-ci serait en effet encore amputé de 7.000 m2, prélevé au niveau du hall 1. L’impact visuel de l’édifice, « son architecture emblématique » ou encore son intérêt pour l’animation du quartier ont également été largement critiqués. « Il ne s’agit même pas d’une tour, mais plutôt d’une muraille dont on aurait rogné les deux coins supérieurs », s’exclame un homme dans la salle. Une pyramide de verre et de béton dont le promoteur, Unibail, est également à l’origine du projet de la tour Phare – à La Défense – et de la rénovation des Halles, deux chantiers d’envergure qui ont tous deux fait couler beaucoup d’encre.

Repères

Un projet contesté

180 mètres

Le gratte-ciel imaginé par le cabinet d’architectes suisses Herzog & de Meuron fait 180 mètres de haut et abritera des bureaux. A terme, 5.000 personnes devraient y travailler.

Controverse

Plusieurs aspects du projet sont contestés par un collectif d’associations et certains décideurs politiques, notamment son gigantisme, son coût et son impact négatif sur la pérennité du parc des expositions.

Révision du PLU

Le chantier nécessite une révision du plan local d’urbanisme qui plafonne les constructions à 37 mètres afin de garantir une certaine uniformité à la capitale. Une limite qui avait déjà posé problème pour le futur Pentagone français dont la construction doit prochainement débuter à Balard.

France-Soir, samedi 3 décembre2011