La compagnie pétrolière Hess et la société Toreador vont tenter d’exploiter le pétrole contenu dans de la roche située à plus de 2.000 mètres de profondeur.

 

 

L’idée peut sembler saugrenue. La compagnie pétrolière américaine Hess et la société Toreador vont pourtant tenter d’exploiter le pétrole non-conventionnel contenu dans de la roche située entre 2.000 et 3.000 mètres de profondeur sous le bassin parisien. « Les deux phases de prospection s’étaleront sur cinq ans », explique Emmanuel Mousset, géologue et directeur de la filiale française de Toreador, qui dispose de permis d’exploitation et d’études sur les ressources pétrolières du bassin parisien. « La première, qui consistera à forer six puits, s’étalera sur trois mois ». La seconde aura pour objectif de déterminer si l’extraction est rentable ou non. Hess va investir 120 millions de dollars (93 millions d’euros) dans ce projet.

La technique consistera à fracturer la roche-mère imbibée de pétrole – située à grande profondeur – à l’aide d’eau et de sable afin de récupérer, par drainage, l’or noir qu’elle contient. « Il s’agit de pétrole qui n’a pas coulé vers les réservoirs classiques dans lesquels il s’accumule et que nous exploitons alors de manière conventionnelle », indique Emmanuel Mousset. Problème : le précieux liquide est disséminé sur une grande surface d’où la nécessité de pratiquer des forages « à l’horizontale » qui peuvent s’étendre sur quatre à cinq kilomètres. Inédite en France, la technique est déjà éprouvée outre-Atlantique, notamment dans le bassin de Williston (Dakota du Nord), d’où sont extraits plus de 200.000 barils par jour, dont 15.000 par Hess.

Toreador espère extraire de chaque puits entre 500 et 1.000 barils de brut par jour. Ceux-ci seront implantés dans la région de Château-Thierry (Aisne), mais d’autres bassins similaires seraient exploitables dans l’Hexagone, notamment en Aquitaine. Si la France ne produit qu’1 % de sa consommation en or noir, 60 % des 900.000 tonnes de brut extraits chaque année proviennent de la région parisienne.

 

 

Philippe Peter

 

France-Soir, mercredi 12 mai 2010