Le président arrivera demain dans l’archipel pour une visite de trois jours sur fond de crise politique.

La Nouvelle-Calédonie est le territoire d’Outre-mer où Nicolas Sarkozy avait obtenu son meilleur score lors du second tour de l’élection présidentielle en 2007 avec 62,8% des voix. Le chef de l’État ne s’y est pourtant encore jamais rendu. Une négligence qu’il tentera de faire oublier ce week-end alors que l’archipel est marqué depuis plusieurs mois par une forte instabilité politique couplée à d’importantes tensions sociales. Le président de la République, dont le déplacement est prévu depuis plusieurs mois, atterrira demain matin sur le Caillou, après une courte halte aujourd’hui à Pékin où il doit s’entretenir avec son homologue chinois Hu Jintao. Accompagné de Marie-Luce Penchard et de Chantal Jouanno, respectivement ministre de l’Outre-mer et des Sports, il ouvrira samedi soir les XIVe Jeux du Pacifique.

Au-delà de son aspect cérémonial et solennel, ce voyage prendra également une très forte dimension politique dans la mesure où la Nouvelle-Calédonie traverse actuellement sa plus grande crise politique et sociale depuis la prise d’otages d’Ouvéa et les accords de Matignon en 1988. Ces tensions, palpables depuis février avec la chute du gouvernement d’union (entre droite indépendantiste et non-indépendantiste) et la polémique autour d’un drapeau unique en lieu et place de la double-bannière tricolore et kanak, ont atteint leur paroxysme le 6 août dernier lorsqu’un conflit autour de la hausse des prix de la compagnie aérienne Aircal a dégénéré en affrontements sanglants sur l’île de Maré, dans l’archipel des Loyautés, à l’est de Grande Terre. Bilan : quatre morts et 23 blessés. Le calme est depuis revenu, tandis que l’indépendantiste Roch Wamytan (Union Calédonienne) a été élu à la tête du Congrès.

Si le territoire bénéficie des larges retombées économiques due à l’exploitation du nickel (Nicolas Sarkozy visitera d’ailleurs le chantier de la nouvelle usine du groupe Xstrata en construction au Koniambo), les inégalités restent importantes. Par ailleurs, les tensions ethniques restent vives entre Kanaks et Européens alors qu’un référendum d’autodétermination doit être organisé entre 2014 et 2018, ce qui fera de la Nouvelle-Calédonie l’un des dossier clé du prochain quinquennat.

France-Soir, 25 août 2011