Gaspard Schlumberger est l’inventeur d’un dirigeable mu par énergie solaire. Il pourrait trouver des débouchés commerciaux d’ici une dizaine d’années.
L’engin semble venu d’un autre âge. Une époque à laquelle les dirigeables, glissant élégamment dans le ciel, étaient les seuls à pouvoir relier Berlin à New-York. L’invention du peintre-sculpteur Gaspard Schlumberger n’a pourtant rien d’une antiquité. Gonflé à l’hélium, l’Aérolabe est mu par l’énergie solaire que captent les panneaux photovoltaïques fixés à l’avant de son enveloppe en PVC. « L’idée était de concevoir un aéronef qui n’utilise pas d’énergie fossile », explique le créateur de l’Aérolabe qui avoue s’être inspiré « du vol des goélands » pour concevoir son ballon. Celui-ci dispose donc de deux ailes articulées ainsi que d’une « nageoire caudale » qui lui permettent d’avancer et de se diriger.
« Les principaux défis étaient le poids et la vitesse », explique l’artiste manceaux qui a donc alléger toutes les composantes de son engin. « Les moteurs sont en carbone et développent une puissance de 6 watts, l’équivalent d’une batterie de téléphone portable », ce qui est néanmoins suffisant pour propulser l’aéronef d’un kilo à 15 km/h. « Pour arriver à une vitesse de 100 km/h avec un dirigeable de 30 mètres il faudrait installer des moteurs de 4.000 watts ».
Navire atmosphérique
L’Aérolabe n’en est pour l’instant qu’au stade de prototype. D’une longueur raisonnable de 3,50 mètres, il a effectué son premier vol le 17 décembre 2009 à l’Institut supérieur des matériaux et mécaniques avancés du Mans, dont une vingtaine d’étudiants ont participé à sa mise au point. « Nous recherchons désormais des partenaires financiers », explique Gaspard Schlumberger. Car si le modèle réduit du dirigeable n’a coûté que 5.000 euros, il en faudra beaucoup plus pour espérer transformer l’essai. « Nous devrons investir 3,75 millions d’euros sur dix ans » pour produire en série un modèle commercial de 50 mètres de long. « Il pourra transporter des passagers ou 500 tonnes de fret sur de très longues distances » comme le faisaient les dirigeables allemands dans les années 30. « Dans un futur proche, l’Aérolabe pourrait aussi servir à relier différents points de Paris, en se posant sur les toits » tels de véritables métros des airs. L’inventeur espère auparavant développer en deux ans un dirigeable capable de participer à la World sky race qui mènerait un équipage de deux hommes au-dessus des plus beaux sites classés par l’UNESCO.
Philippe Peter
France-Soir, jeudi 21 janvier 2010
21 janvier 2010 at 16:14
Tous eux qui un jour ou l’autre ont travaillé avec des dirigeables, savent que ce « retour de dirigeables » est un mythe.
L’âge d’or de ces engins fragiles s’est terminée avant la dernière guerre avec une série d’accidents mémorables (… et dont l’hydrogène n’est pas responsable…). Ils se sont pratiquement tous crashé les uns aprés les autres… et ils continuent à le faire: je connais environ 7 cas de crash de dirigeables depuis l’an 2000, pour une flotte mondiale d’environ 30 à 40 machines!..
Deux compagnies de dirigeables dominent le secteur actuellement: celle de Richard Brandson, et la firme Zeppelin (hé oui… ils existent toujours!)… Ils se contentent de faire des vols publicitaires et des baptêmes de l’air. demandez leur pourquoi ils ne croient pas au « retour des dirigeables »…
Malgré son enthousiasme, je doute que votre « artiste manceaux » ait beaucoup à apprendre à leurs ingénieurs.
21 janvier 2010 at 17:59
Je suis assez d’accord avec vous sur le fond. Par contre, je ne pense pas que ce soit la « fragilité » du dirigeable qui soit en cause mais plutôt le manque d’intérêt qu’on lui porte dans la mesure où nous vivons dans un monde qui doit aller vite et que ces appareils sont lents. Le principal avantage des dirigeables jusque dans les années 30 était leur autonomie sans égale. Après la 2GM, de nombreux appareils de transports se sont révélés capables de traverser l’Atlantique en toute sécurité et surtout beaucoup plus vite que les dirigeables. De plus, à l’époque, les questions économiques (prix du kérosène) et environnementales n’étaient pas vraiment d’actualité. Aujourd’hui, les choses ont changé. Je ne dis pas que le projet de M. Schlumberger aboutira, je n’en sais rien et ce n’est pas mon métier. Mais c’est une idée originale qui mérite qu’on s’y intéresse. Nous verrons bien si l’avenir lui donnera raison ou tort.